vu par un Cléonnais

Cléon vu du cielL'église

L'église date du XVIe siècle, sauf le choeur (1636). Le patron est Saint-Martin, dont nous retrouvons le manteau sur le blason de la ville. Elle possède un aigle-lutrin, en bois sculpté, du XVIIIe siècle, provenant de Saint-Étienne d’Elbeuf (objet d'art classé par l'Etat), une statue en chêne, Marie-Madeleine, du début du XVIIe siècle (objet d'art figurant au classement départemental).

Les vitraux datent du XIXe siècle.

Dans son Répertoire archéologique du département de Seine-Inférieure datant de 1871, l'Abbé Cochet précise :

photo de cleon

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Description et dates remarquables

La description architecturale ci-dessous est tirée de l'Observatoire du Patrimoine Religieux :

Plan : édifice orienté bâti selon un plan en croix latine à un seul vaisseau de trois travées. La nef est flanquée de deux chapelles latérales. Le transept au niveau de ses bras est occupé par des chapelles, l'église se termine par un chevet à trois pans coupés.

Elévation extérieure : la façade à pignon s'élève sur deux niveaux. Le portail brisé est encadré par deux contreforts gothiques coiffés de pinacles. Le chambranle de la porte est finement sculpté. Au-dessus, le mur pignon est percé d'une rose. La façade se termine par une croix posée en acrotère.

Le bras nord du transept abrite la tour-clocher de section carrée. Elle comprend un niveau ouvert par une baie gothique. Le second niveau n'est pas percé. Le clocher est coiffé d'un pavillon à ligne faîtière. L'ensemble de l'église est couvert d'un toit à double pente. L'édifice à l'extérieur ne présente qu'un seul niveau d'élévation ouvert par de grandes baies gothiques. Les murs latéraux de l'église sont épaulés par des contreforts qui assurent la stabilité de l'ensemble.

Epoque et styles : XIXe, XVIe, néo-gothique, gothique, XVIIe.

Principales étapes de construction : la nef et le transept ont été réalisés au XVIe siècle. Le choeur date quant à lui du début du XVIIe siècle. La nef est reconstruite par Hyppolite de Vesly, architecte rouennais, qui l'achève en 1890.

Histoire et dates importantes : l'église Saint-Martin se situe au carrefour de deux voies antiques à l'extérieur du village. De multiples édifices se succèdent sur ce lieu, dont le plus ancien remonte au temps des Mérovingiens.

La tour-clocher qui domine la chapelle nord reste inachevée. En 1884, au cours de réparations du pavage du porche, on découvre de petites constructions en briques très étonnantes, des sortes de capsules hémisphériques ayant servi entre 1676 et 1764 à la fonte des cloches.

photo de cleon

Découverte de monnaies lors de travaux

Dans un mémoire présenté en 1890 au 28ème congrès des Sociétés Savantes à la Sorbonne, Léon de Vesly présentait ainsi quelques découvertes effectuées à Cléon, au niveau de l'église (source: gallica.bnf.fr / BNF) :

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Un épisode de la guerre de religion

L'église avait en effet subi des dommages importants de la part des huguenots. Voici, par exemple, une note d'un chroniqueur rapportant en 1562 le pillage que les protestants exercèrent autour d'Elbeuf (source : Histoire d'Elbeuf, par Henri Saint-Denis) :

"Le mercredi 17 mai 1562, environ onze heures du soir, les huguenots de la ville de Rouen sortirent en grand nombre de chevaux et gens de pied, tous en armes, avec la galère munie de grosses pièces d'artillerie, et avec trois ou quatre autres canons qu'ils menoient en char. Ils arrivèrent à Elbeuf dans la nuit, entrèrent à l'église de Monsieur saint Jean-Baptiste et à Saint-Etienne, et y firent absolument du pis qu'ils purent, au saint sacrement, de l'autel, aux ornements, linges, livres et autres objets, rompirent stalles, chaises et bancs, mirent tout en feu et en cendres, démolirent les images, dérobèrent les calices et autre argenterie, toutes choses précieuses dédiées au service divin. Le même jour, ils commirent les mêmes excès à Freneuse, Cléon, Saint-Aubin jouxte-Boulleng, au prieuré de Monsieur saint Gilles et saint Leu, à Orival, Caudebec, Martot, Criquebeuf-sur-Seine et plusieurs autres lieux élevés en l'honneur de Dieu et de ses saints.(...)."

Les catholiques en tirèrent une cruelle vengeance dix ans après, à la journée de Saint-Barthélémy...

Des histoires de cloches

En moins de 70 ans, entre 1696 et 1764, il y a eu cinq bénédictions de cloches à Cléon par le curé et les parrains et marraines... Vous trouverez ci-dessous la copie des originaux (issus des registres paroissiaux) et leur transcription.

Le 24 juillet 1696, le vicaire Vittecoq écrit (le curé Hérouët étant malade) :

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"Le 24e dudit mois et an les deux cloches de la paroisse de Cléon ont esté benittes. La première et grosse a esté nommée Marie-Patronille par messire Pierre et damoiselle Marie Baudouin, enfant de haut et puissant Seigneur messire Pierre Baudouin, chevalier, Seigneur et patron du Thil, du Basset, Saint-Martin de Cléon, etc, conseiller en la chambre des comptes de Normandie; et la seconde nommée Marie-Marthe, par Jacques et Marie-Marthe Coquerel, enfant de messire Jacques Coquerel, conseiller du Roy et maistre ordinaire de la chambre des comptes de Normandie."

Le 12 mai 1722, le curé Goholin écrit :

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"Ce jourd'hui 12e jour de may 1722, ont été benites par nous prêtre curé de cette paroisse deux cloches de cette paroisse; la 1ère a été nommée Marie-Anne par Messire Pierre Baudouin, seigneur et patron du Til, Gonsseville et de Doudeauville, seigneur aussy du Basset et Saint-Martin de Cléon, doyen de Messieurs les Conseillers du Parlement à Rouen; la 2de a été nommée par Mre Pierre-Nicolas Baudouin, chevalier, seigneur de Gonsseville et conseiller au Parlement de Rouen, et par Dame Magdeleine Anzeray de Courvaudon, sa femme."

Le 4 juillet 1731, le curé Goholin écrit :

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"Le 4e juillet 1731, la grosse cloche de l'église fut bénite par nous prêtre curé de la parroisse soussigné, et nommée Marie-Madeleine, par Messire Jacques-François Baudouin, chevalier, seigneur du Basset et de Saint-Martin et par noble demoiselle Marie-Madeleine de Gonzeville."

Le 25 septembre 1757, le curé Goholin écrit :

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"Le vendredy 25e 9bre 1757, la grosse cloche de l'église de Cléon a été bénite par nous prêtre curé dudit lieu soussigné, et nommée Emmanuel-Catherine par très haut, très puissant et très excellent prince son altesse sérénissime Monseigneur Emmanuel Maurice de Lorraine, duc d'Elbeuf, pair de France, seigneur de Cléon et autres lieux, et par noble dame Catherine Le Cordier, veuve de Messire Louis-Emery de Roquigny, chevallier, seigneur de Mattonville et autres lieux; le sérénissime prince représenté par Mr de Crasville."

Le 26 août 1764, le curé Goholin écrit :

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"Le dimanche 26e aoust 1764, la seconde cloche de l'église a été bénite par moi, prestre curé soussigné, et nommée Louise-Julie-Constance-Charles-Eugène, par très haute, très puissante et très illustre princesse Louise-Julie-Constance de Rohan, veuve du très haut, très puissant et très illustre prince Louis-Charles de Lorraine, comte de Brionne, pair et grand écuier de France, dame de cette paroisse, et très haut, très puissant et très illustre prince Charles-Eugène de Lorraine, prince de Lambesc, duc d'Elbeuf, pair et grand écuier de France, gouverneur et lieutenant général pour Sa Majesté de la province d'Anjou, gouverneur particulier des ville et chateau d'Angers et du Pont de Cé, grand sénéchal héréditaire de Bourgogne, etc., seigneur de cette paroisse. Cette cérémonie a été faite en présence des trésoriers en charge et autres qui ont signé avec nous dudit curé les jour et an susdits."